Je viens de débrancher. En ce lundi, j’ai un tout dernier point à traiter. J’ouvre ma boîte e-mails. Là, je ne peux m’empêcher de lire un autre message et son appel "à la réponse rapide". Je m’agite illico, animée des meilleures intentions et commence à investiguer. Mais c’est complexe et je me retrouve bouillonnante et agacée en moins de 3 minutes! Consciente de ce qui se passe, je ne vous raconte pas le regard critique que je pose sur moi.
Et puis, soudain, je réalise que cet e-mail est une réponse à mon message… d’il y a un mois! Is she kidding me? La prise de recul est immédiate. Je me suis faite avoir comme une bleue! Je pose tout, respire et finis par en sourire.
Pourquoi déconnecter est-il parfois un tel challenge? Que cela soit pour les vacances ou en télétravail? Alors qu’au fond, j’ai un message d’absence, un smartphone avec un bouton off et appris de longue date qu’il est important de mettre des limites. Et c'est sans compter les innombrables études sur les bienfaits des vacances, du sommeil et des pauses sur mon fonctionnement!
Un contexte complice
Et puis, il y a ce besoin de suivre, de rester en alerte, la fameuse FOMO (fear of missing out) largement cultivés via les mécanismes de nos smartphones (mise à jour du fil d’actualité «ambiance machine à sous», petit coup de dopamine à la découverte d’un nouveau message, etc.). Les critiques à l’égard des Seigneurs de la Tech sont d’ailleurs nombreuses.
Et n'oublions pas l’environnement parfois hyper compétitif dans lequel nous évoluons. Être hyper réactif et répondre à des heures impossibles est apprécié, voire valorisé. Ceci, bien que la nécessité de cette hyper connectivité soit sérieusement discutable. Et ne parlons pas de la qualité qui résulte d’interventions nocturnes!
Tout dans notre environnement conspire à ce que nous restions connecté!
Aujourd’hui, cette incapacité à déconnecter rentre carrément dans le giron des addictions! Alors si nous flirtons avec l’addiction, de quoi manquons-nous pour pouvoir sereinement débrancher? Pour poser des limites? Pour s’autoriser le vrai repos?
Le vrai fond du problème
Le marketing, autre grand complice, ne cesse de nous répéter qu’il nous faut la voiture, le sac à main et le dernier gadget technologique pour "être la meilleure version de nous-même". Et l’humain n’échappe pas à la tyrannie du toujours plus: être plus performant·e, plus qualifié·e, meilleur·e leader, etc.
Je suis convaincue que nous sommes ici pour grandir. Si l’intention d’amélioration continue est donc louable, elle a néanmoins ses limites quand il s’agit de bonheur et de satisfaction. Pas assez "ci", trop "ça"! Le manque et l’imperfection sont constamment soulignés et deviennent de véritables machines à anxiété.
L’hypothèse qui fait du bien
Alors de manière très pragmatique, je vous invite à réfléchir à l’hypothèse qui suit. Et si vous partiez du principe que vous êtes déjà "assez"? Assez intelligent·e, professionnel·le, engagé·e, flexible, disponible? Qu’est-ce que cela changerait?
Attention, il ne s'agit pas d'une forme de suffisance ou d'arrogance. Il s'agit davantage de se sentir "imparfaitement et humainement assez et parfait·e". A l'image des propositions de la Prof. Brené Brown dans ses 10 principes "for wholehearted living" ou d'une psychothérapeute telle que Marisa Peer qui souligne à quel point tout est entre vos mains dans "I am enough".
Du coup, si je suis "assez", qu’en est-il de ma confiance en moi? Elle grimpe, n’est-ce pas? Si je suis assez et que je n'ai rien à prouver, je mérite bien un peu de repos ou mes vacances, non? Si je suis "assez" et que je n'ai rien à prouver, je peux bien poser certaines limites et disposer de ma soirée?
Je vous assure que si je me pose la question deux minutes à propos de ma situation de départ, la réponse est limpide!
Un changement de perspective qui booste l’estime de soi
Bien sûr, il y a toujours une exception. Bien sûr, c’est une affaire de culture organisationnelle aussi. Culture que vous ne pouvez pas changer du jour au lendemain. Bien sûr, vous pouvez imaginer toutes sortes d’excuses.
Si je suis "assez" et que je n'ai rien à prouver, je mérite bien un peu de repos ou mes vacances, non?
En définitive, tout se joue dans votre tête. Le challenge consiste à imprimer, intégrer et vivre pleinement cette idée "d’assez" qui touche à l’estime de soi. Pensez post-its sur le frigo et nouveaux mots de passe pour littéralement l’écrire chaque jour!
Ensuite, la répétition du message dans votre tête est clé. Lâchez prise! Vous êtes "assez" pour vous autoriser à débrancher! D'ailleurs, cela vous mettra à l'écart de certains messages qui insinuent le contraire ;-).
En bref,
On découvre que déconnecter n’est pas une affaire de smartphone éteint, mais probablement davantage une question de croyances, d’assurance et de confiance en soi.
La prochaine fois que vous sentez cette irrépressible envie de consulter, de vite répondre ou que vous ruminez un problème, posez-vous la question: et si je partais du principe que cela peut attendre et que mon organisation profitera, autant que moi, de mon esprit vif et reposé à mon retour?
Allez, je vous laisse, j'ai débranché ;-)
Belle semaine!
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